
Un défi de santé publique
La qualité de l’air intérieur dans les bureaux est un véritable défi de santé publique. Les salariés du secteur tertiaire passent une grande partie de leur temps dans les bureaux et des gênes relatives à la qualité de l’air intérieur se sont multipliées depuis plusieurs décennies. La multitude de polluants pouvant être rencontrés dans ces lieux, identiques aux polluants des logements, a un impact plus ou moins grave sur la santé des salariés à terme et le coût socio-économique de la mauvaise qualité de l’air est estimé à 19 milliards d’euros en France par le ministère de l’écologie et du développement durable.
Dès 2012 , l’Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur « OQAI » avait rédigé, préalablement à une campagne nationale « bureaux », une synthèse bibliographique dans le but de démontrer les spécificités de ce sujet. A cette occasion, une enquête a été menée auprès de médecins du travail, démontrant l’existence de pathologies dues à la qualité de l’air intérieur dans les bureaux.
De plus en plus de mesures sont prises pour que le travail soit le plus agréable possible, dans des environnements sains et que les salariés soient plus motivés. Cependant, un élément est souvent oublié : la qualité de l’air. Mauvaise, elle engendre des conséquences sur la santé et la productivité.
La pollution atmosphérique (poussière, moisissures, composés organiques volatils…) a des effets néfastes sur notre santé : maux de tête, toux, éternuements, irritation des yeux… Les particules de pollution passent dans le sang, remontent jusqu’au système nerveux, s’installent et dégradent nos fonctions cognitives. Une durée d’exposition longue ou répétitive peut entraîner de graves conséquences (anxiété, dépression).
Une mauvaise santé physique et mentale baisse la productivité et augmente l’absentéisme
Des chercheurs américains ont indiqué que la qualité de l’air intérieur pourrait être plus problématique pour les métiers les plus intellectuels. Le résumé de leurs investigations précise que la quantité de ventilation, ou d'air extérieur frais amené à l'intérieur, est un déterminant essentiel de la santé. Et que la qualité de l'air a également une importance pour la productivité et les capacités cognitives des travailleurs.
Cette étude publiée par la Havard Business review en 2017 (1) a montré que respirer un meilleur air entraînait une performance décisionnelle nettement meilleure chez les participants. Les chercheurs ont constaté des scores plus élevés aux tests dans neuf domaines de la fonction cognitive lorsque les travailleurs étaient exposés à des taux de ventilation accrus, à des niveaux inférieurs de produits chimiques et à une baisse du dioxyde de carbone. Et suggèrent que les entreprises doivent prendre des mesures pour optimiser la qualité de leur air pour la santé et la productivité des employés.
Les bâtiments, outil des Ressources Humaines
Ils ont estimé que les bénéfices de productivité du doublement des taux de ventilation représentent 6 500 $ par personne et par an versus un coût de 10$ à 40$ par personne et par an. Et que cela n'inclut pas les autres bénéfices potentiels pour la santé, tels que la réduction du syndrome des bâtiments malsains « SBM » (*) et l'absentéisme.
(*) SBM : Le syndrome des bâtiments malsains, ou maladie des grands ensembles, regroupe un ensemble de symptômes non spécifiques, chronologiquement liés à la présence dans les bâtiments : rhinite, nez bouché, sécheresse de la gorge, larmoiement, irritation ou sécheresse oculaire, prurit, érythème, somnolence, céphalées…
Cette étude mentionne que : « les gestionnaires d’immeubles seraient avisés d'intégrer systématiquement les effets sur la santé dans tous leurs calculs coûts-avantages. Lorsque la santé est prise en compte, les coûts d'amélioration de l'environnement intérieur peuvent être correctement mis en balance avec les bénéfices pour la santé et la productivité. Par exemple, un cadre verra clairement qu'un budget amélioré pour les installations réduira les coûts des ressources humaines. Cela fait des bâtiments, par essence, un outil de ressources humaines ».
Faire des liens entre la qualité de vie au travail (QVT) et rentabilité reste compliqué. Car son impact s’observe à long terme, chez chaque collaborateur, dans sa productivité, son engagement, sa créativité. Les dirigeants doivent comprendre que la performance sociale est au service de la performance économique. Plus que de simplement prendre soin des salariés, une bonne politique QVT permet d’accompagner les salariés vers des carrières plus longues, d’éviter la fuite de talents et d’en attirer de nouveaux.
Il est possible d’améliorer la qualité de l’air dans les locaux de son entreprise et d’assainir les espaces clos partagés, grâce à des solutions basées sur l’Intelligence Artificielle « IA » peu coûteuses au regard des bénéfices qu’elles apportent et respectueuses de l’environnement et de ses occupants.
Parlons-en ?
Anne ROLLAND & Isabelle MAUGARD
(1 ) Source : https://hbr.org/2017/03/research-stale-office-air-is-making-you-less-productive