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chronique : de l'incertitude a quelques certitudes


Malgré une situation sanitaire préoccupante et un coronavirus toujours présent et actif,

Des pays, des économies, des secteurs entiers qui vont avoir du mal à repartir,

Les incertitudes sur une éventuelle 2ème vague,

Les risques sociaux, les vagues de licenciement qui s’annoncent…

Nous sommes loin d’être complètement démunis.


Dans notre histoire, nous avons déjà traversé des crises sanitaires avec des impacts économiques et sociaux. Mais cette crise aura permis de remettre sur le devant de la scène la Science et l’Humain.

La pandémie du Covid 19 aura confiné environ 2,7 milliards de personnes actives dans le monde. Des mesures de fermetures (partielles voire totales) d’entreprises, au basculement à 100 % d’activité en télétravail quand cela était possible, ou la mise en chômage, le monde de l’entreprise aura été affecté en profondeur. Elle aura aussi balayé bien des certitudes sur la virulence du virus, son mode de propagation et l’usage du télétravail …

Passés les 1ers moments de choc, les organisations se sont attelées à préserver le plus rapidement possible la santé des salariés psychologique et physique. Pendant le confinement et cette 1ère phase de post-confinement, des normes, règles sanitaires ont vu le jour, contraignant les entreprises à différer le retour de tous les salariés sur leurs lieux de travail.

Aujourd’hui, les dirigeants se concentrent sur les défis à relever : la relance de l’activité avec quelle organisation, quels effectifs, quelles conditions de travail, quels lieux de travail… Et il n’y a pas que des incertitudes dans ces domaines. N’oublions pas que les grandes adaptations ont souvent vu le jour grâce ou à cause de disruptions majeures avec l’émergence de nouveaux produits et services, secteurs, leader et de nouvelles organisations.

Cette période de post Covid 19 va voir l’accélération de tendances existantes et en créer de nouvelles. Les business models vont devoir évoluer et s’adapter. Au-delà des particularités de chaque secteur d’activité économique et des situations de chaque filière, quels sont les 1ers enseignements que nous pouvons retenir aujourd’hui avant d’imaginer ce que sera demain ?


Quelques choses et d’autres que nous avons apprises de cette crise du Covid 19


Dans ce momentum particulièrement porteur d’incertitudes, nous oublions que nous avons beaucoup de données en notre possession et sur lesquelles s’appuyer.

Tout d’abord, et nous le savions déjà, l’incertitude fait partie de notre vie. On passe notre temps, sans forcément s’en rendre compte, à s’adapter en permanence, à imaginer des solutions à des problèmes. Si l’adaptation et la transformation participent du quotidien des entreprises, elles n’avaient jamais atteint un tel niveau depuis plus d’une décennie. Il est nécessaire de pouvoir se remettre en question régulièrement et d’innover pour rester dans la course.


Au niveau de l’entreprise


Une expérimentation à grande échelle pour continuer son activité

L’ampleur et les impacts de la crise nous ont obligé à faire AUTREMENT. Les organisations ont dû faire évoluer leurs façons de travailler, de vendre, de collaborer à cause du confinement. On a expérimenté à grande échelle beaucoup de choses, on a corrigé et perfectionné de nouveaux usages et modes d’échange. Même si nous ne sommes pas encore revenus dans la « normalité », certaines pratiques pourront perdurer, parce qu’elles ont démontré leur efficacité et leur pertinence. Elles « ont fait leurs preuves » dans la crise. Adaptées à chaque organisation, elles pourront être un atout formidable dans la continuité de l’activité des entreprises et le développement de sa capacité de résilience.

Les effets des modes de gestion de la crise et de la communication d’entreprise

La crise a amené de nombreuses entreprises à renforcer la communication sur leur gestion de la situation grâce à la mise en place nouveaux d’outils (en dehors de mails). Ces outils ont pu être utilisés dans le cadre de formation à distance. Entre ceux qui communiquaient beaucoup, voire trop, et ceux qui ont peu communiqué, le curseur était difficile à positionner. Néanmoins, cette communication aura été révélatrice des valeurs de l’entreprise, de l’importance de son rôle sociétal et de la place que ses salariés occupent dans son organisation. La cohérence entre les paroles et les actes aura été vérifiée de manière très rapide.

Le groupe Danone, pour illustration, a envoyé régulièrement à ses salariés des questionnaires très simples relatif au niveau de soutien donné par la direction, à la perception de la contribution du salarié à la mission du groupe, et à la capacité d’adaptation du groupe (source Respace Webinar du 1er Juillet 2020). Ce suivi et ce mode de gestion du ressenti des salariés » a contribué à renforcer leur engagement, et ce d’autant que le groupe avait une mission de « nourrir la nation » !

Au niveau de l’Humain



Des impacts psychologiques et émotionnels

Nous savons déjà que cette crise a eu des impacts sur les gens, qu’ils aient travaillé ou non. Impacts émotionnel et psychologique, impact relationnel, sentiment de peur, de honte, de culpabilité, de joie, le souhait de « prolonger » cet état et de ne pas revenir tout de suite au bureau (physique).

Personne n’est sorti indemne de cette période de confinement, d’autant plus qu’elle aura été vécue de façon inégalitaire. Certains dans de tout petits espaces, d’autres avec des enfants dont il fallait surveiller les devoirs, ou à la campagne dans un joli cadre. Nombreux ont eu des problèmes de connexion voire pas de PC fourni par l’entreprise au départ…La phase actuelle de déconfinement n’est pas forcément plus simple à vivre car elle est transitoire et sa durée est inconnue. Sans feuille de route, nous allons tous apprendre en marchant.

Cependant, nous sommes assurés que l’on ne pourra bien repartir sans prendre du recul en reconnaissant les impacts de la crise sur les salariés, en libérant la parole, en pratiquant l’écoute, en aidant à évacuer les « traumatismes » avec beaucoup d’humilité et une sincère humanité.

Des révélateurs de besoins en formation, en accompagnement et un révélateur de talents

Cette crise aura été révélatrice des besoins en formation aux nouvelles technologies et aux nouveaux modes de management. Très sollicités, beaucoup de managers sont aujourd’hui épuisés. Faire son travail, soutenir les collaborateurs, passer ses journées en réunion, maintenir le lien social, découvrir et maîtriser les outils digitaux de tenue de réunion, manager autrement en n’ayant plus le côté informel et non verbal des échanges…Tout le monde n’était pas forcément à l’aise et formé pour. Il y a maintenant un vrai sujet pour accompagner les encadrants dans ce nouveau rôle de manager-coach.

Enfin, elle aura été révélatrice à la fois des ressources clefs à tous les niveaux et de nouveaux talents. Certaines personnes ont démontré, dans cette situation, un engagement exceptionnel, d’autres dévoilé de réelles capacités d’adaptation, de résilience, d’écoute, de leadership. D’autres ont montré leurs limites et il faudra sans doute les accompagner pour passer ce cap.


Quelles sont les tendances qui se confirment ?


L’expérimentation de notre vulnérabilité, conjuguée à des enjeux sanitaires et économiques, a confirmé des tendances sur la nécessité de promouvoir la flexibilité dans bien des domaines et de l’importance de l’Humain.


Vers une organisation flexible et agile


La mise en place brutale du confinement aura forcé les entreprises à faire AUTREMENT : travailler autrement, travailler ailleurs que sur son lieu de travail (sauf pour les services de production ou de logistique, hors secteur sanitaire au sens large, grande distribution, alimentation…).


Tendance validée sur le travail en distanciel

Des verrous ont sauté sur le travail en distanciel. Même si un télétravail plusieurs jours par semaine n’est pas forcement envisageable ou souhaitable pour l’équilibre et la santé des collaborateurs, et le mode de fonctionnement de l’entreprise, cette crise aura donné un coup de fouet et battu en brèche bien des réticences. Demain nous dira comment les entreprises vont faire coïncider les attentes de collaborateurs pour plus de flexibilité avec les enjeux liés à leurs activités et comment tirer le meilleur parti du distanciel au service du présentiel.

Tendance validée sur la flexibilité de l’espace et des organisations

Certaines entreprises avaient déjà commencé à de-siloter et à mettre en place un fonctionnement plus horizontal et transversal. Elles ont réaménagé leurs bureaux en des espaces plus adaptés aux usages, elles ont parfois utilisé les espaces de coworking pour des équipes projets, alloué une partie des m² en flex-office, transformé les restaurants d’entreprises en salles de réunions en dehors des horaires de déjeuner. Avec le télétravail, et les aspirations des « digital natives » à plus de souplesse, ces réflexions sur ces sujets vont s’accélérer. Quel sera le rôle du bureau physique si certaines entreprises promeuvent le télétravail 2 ou 3 jours par semaine pour certaines populations ? cela entraînera-t-il la réallocation entre les bureaux fixes et les bureaux libres sans occupant attitré ? si certains salariés sont prêts à davantage de télétravail, sont-ils tous disposés à « renoncer » à leur place habituelle au bureau ?

Un net renforcement du rôle des nouvelles technologies et des datas

De plus en plus présentes, les nouvelles technologies sont devenues omniprésentes. Hormis leurs rôles dans la collecte de datas, les analyses … elles ont permis, dans le cadre du confinement et post-confinement, le maintien de modes collaboratifs, des formations et ont joué un rôle majeur pour conserver du lien social. Elles ont facilité la communication et les échanges sans risques sanitaires. Bien peu de choses échappaient au digital avant le confinement, ou si elles y échappaient, c’était en raison de freins technologiques, psychologiques et financiers. Nous avons pu encore plus apprécié la valeur ajoutée et la centralisation des informations qu’offrent les solutions de partage de datas comme un CRM pour illustration. Les nouvelles technologies vont jouer un rôle majeur dans les arbitrages qui vont être faits pour bâtir le futur de l’entreprise, notamment sur le plan social.

L’entreprise a changé de statut : d’un lieu d’échanges physiques, elle est devenue un lieu d’échange virtuel avec lequel il va falloir composer.


Le « future of work »

Avant de définir l’entreprise de demain, un temps d’analyse et un temps de réflexion sur ce qui s’est passé, ce qui a marché, ce que l’on a appris, ce qu’il convient de corriger, sont nécessaires. Des diagnostics et questionnements à plusieurs niveaux sur le business, l’organisation, les effectifs, sur l’humain et l’expérience collaborateur sont à conduire :


Quel est le rôle de l’employeur et quel est le rôle de l’entreprise ?


Cette pandémie a accéléré la tendance des employeurs à jouer un rôle dans le bien-être psychologique et physique, et « bien-être financier » de leurs salariés. Beaucoup d’entreprise en France, quand elles le pouvaient, ont mis au chômage au lieu de licencier, ont maintenu les salaires sans faire supporter à la communauté ces coûts. Beaucoup de sociétés ont offert une aide et un soutien psychologique à ceux qui en avaient besoin, un accompagnement, ont adapté les horaires de ceux ayant des contraintes personnelles, ont proposé des ateliers de bien être, sport, apéro virtuel…


Cette crise aura donné également à l’entreprise un éclairage sur les effectifs indispensables pour faire marcher l’activité, les compétences critiques et nécessaires dont l’organisation a besoin pour lui permettre de remplir sa mission efficacement et pérennement à court et moyen terme.


L’entreprise aura tout à gagner à repenser son rôle vis-à-vis de ses clients, de ses fournisseurs, son rôle sociétal, ses missions, ses valeurs : Repenser le travail et comment on le fait (les process/la digitalisation), repenser la contribution de chacun et de l’équipe, faire appel à des ressources externes ponctuellement, s’interroger sur le ou les lieu(x) de travail qui seront utilisés. Continuer à préserver la santé et le bien-être en dressant des barrières entre vie privée et vie professionnelle. Agir pour déployer son rôle sociétal, sa politique RSE.


Les chantiers sont nombreux mais essentiels car créateurs de valeurs aux yeux des salariés et sous-tendent la motivation et l’engagement ; ainsi qu’auprès des investisseurs. La performance d’une organisation n’est pas uniquement une performance économique.


Un bureau (physique) pourquoi faire ? pour y faire quoi ?


La question ne se posait pas vraiment avant le Covid 19, mais ce qui vient de se passer remet aussi sur le devant de la scène le rôle du bureau et la question de l’aménagement des lieux. Comment le bureau peut-il mieux répondre à des objectifs de collaboration, d’échange, de créativité, de concentration, au-delà de la problématique du coût des m² (qui n’est pas forcément un sujet aussi critique en Province) ?

Les dirigeants sont en train de réaliser que le bureau est en train de devenir un véritable outil de management et une vitrine des valeurs de l’entreprise. L’aménagement des espaces des start-up, avec des lieux de vie et de travail, d’échange, une « décoration » moins formelle et banalisée, correspond à ce que nos digital natives attendent, et cet aménagement de type « start-up » commence à étendre ses codes aux entreprises « traditionnelles ».

Pour certaines entreprises, qui ont grossi par croissance externe ou se sont fortement développées, le siège social physique est un ancrage indispensable pour la cohésion et la marque employeur.

En pleine croissance externe, fort de plus de 110 millions de transactions par an, le Bon Coin s’est doté d’un nouveau siège social dans le 2ème à Paris pour regrouper une partie de ses salariés qui étaient répartis sur 4 sites différents à Paris. Ce siège sera aménagé en bureaux et en espaces de coworking ouverts à d’autres partenaires.

Les managers : vers un changement de posture ?


L’impact émotionnel du confinement aura affecté les interactions professionnelles. Une opportunité pour les dirigeants et les cadres de rebondir en capitalisant sur les enseignements que leurs équipes ont pu tirer de cette période après un premier diagnostic.

Engager une réflexion sur les postures qui ont marché pour éventuellement les intégrer de façon plus pérenne devient incontournable car elles débordent sur toutes les relations dans l’entreprise, et notamment sur les modes collaboratifs et les modes créatifs. Cela nécessitera sans doute un accompagnement car construire et / ou renforcer une culture d’entreprise et l’engagement passent par le management, par de la confiance et une bonne communication.

De beaux chantiers, sujets d’analyse et de réflexion sont devant nous. Nous avons à notre disposition beaucoup d’éléments qui vont nous permettre de faire évoluer l’entreprise. Cela prendra du temps et de l’énergie. Après une phase de diagnostics, il faudra laisser de la place à l’expérimentation et à l’innovation. La capacité à faire face et à s’adapter est devenue cruciale. Elle implique la mobilisation de toutes les parties prenantes et surtout celles de l’ensemble des collaborateurs. Disposer des bonnes ressources au bon endroit, encourager le « savoir-partager », le développement des connaissances et du savoir-faire, pratiquer la « flexibilité » sur tous les actifs de la société seront des atouts clés dans le rebond et dans la construction de l’entreprise de demain !

Isabelle MAUGARD & Anne ROLLAND

#futureofworks #covid#créativité#expérimentation#SPACIENCY

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